Le monstre sous le lit
- nawell
- 25 août 2020
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 18 sept. 2020
Le monstre se frotta le menton d’un air pensif. Il ne comprenait pas pourquoi cette petite fille posait autant de problème. Sur le papier, tout était parfait : c’était une petite fille timide, mais mignonne qui dormait dans sa propre chambre. Elle était à l’âge idéal : cinq ans.
Pourtant c’était le huitième monstre qui venait se plaindre comme quoi il ne voulait plus s’occuper de la fillette. La cause ? Elle n’avait pas peur des monstres !
C’était incompréhensible. Pourquoi une petite fille n’avait pas peur des monstres ?
Il soupira longuement avant d’ouvrir le dossier. Aucun de ses employés ne voulait y aller, alors il allait s’occuper de la mission lui-même.
Alors… Marie Durant, cinq ans… Fille unique, père ouvrier, mère secrétaire. Ils vivent tous dans une petite maison. Elle semblait avoir une vie tout à fait normale. Des fois, les enfants avec des grands frères n’avaient pas peur des monstres, mais là ce n’était pas le cas. Ses parents n’étaient pas de grands philosophes, donc elle n’avait pas de conscience particulière sur ce qui existait ou non.
Alors que se passait-il ?
Lorsque le monstre arriva sous le lit de Marie, la lune était déjà haute dans le ciel et la petite était couchée depuis longtemps. La maison était silencieuse, à l’exception du bruit de fond que faisait la télévision.
Parfait, se dit le monstre, les parents sont occupés, et la petite doit dormir profondément. Rien ne valait le regard d’un enfant qui se réveillait apeuré...
Il sortit lentement de sous le lit, en observant la fillette de loin. C’était une petite blonde, très mince, mais elle avait toujours de jolies joues rebondies synonymes de l’enfance. Cela tranchait avec de grands cernes sous ses yeux. Alors qu’il se dirigea vers son bras, elle s’exclama :
“Je n’ai pas peur de toi tu sais.” Elle ouvrit les yeux. “Je ne dors pas. Tu es nouveau ? Ce n’était pas toi la dernière fois, si ?”
Le monstre était estomaqué et peina à trouver ses mots. “Je-je... Comment l’as tu remarqué ?”
“Vous êtes différents. Tu as une sorte de petite moustache par exemple.”
Il soupira. “Je suis là pour comprendre. Les monstres ne comprennent pas pourquoi tu n’as pas peur. Et je suis là pour obtenir des réponses.”
“Alors tu es comme leur chef ?”
“Oui c’est ça. Alors ?”
“Vous faites moins peur que lui.”
“Lui qui ?” Le monstre s’arrêta pendant quelques secondes et se mit debout.
“Wahou, tu es super grand !”
“Mmmm... ” Il y avait une ambiance bizarre dans cette chambre. Pas de décoration. Aucun dessin. Juste un lit, une armoire et une ampoule qui pendait tristement au plafond. Il y avait une grande fenêtre sans rideau ni volet qui donnait sur le jardin et il n’y avait aucun vis-à-vis.
Un bruit sourd sortit le monstre de ses pensées. La télévision s’était arrêtée et d’un seul coup, tout semblait calme dans la petite maison des Durant. Un petit gémissement derrière lui le fit se retourner. Marie s’était réfugiée sous sa couette, et on pouvait seulement apercevoir la petite forme de son corps à travers l’épaisseur.
Le monstre plissa les yeux en se dirigeant vers elle. En arrière-plan, il pouvait entendre des cris. Les parents n’étaient pas le couple parfait apparemment. Ils se disputaient. “Pourquoi tu te caches ?” Il expliqua : “Tu sais, tous les adultes se disputent un peu de temps en temps. Est-ce que ça te fait plus peur que mes employés ?”
“Non, c’est après que ça me fait peur.”
“Comment -”
“Pars !” Le coupa Marie. Les marches de l’escalier craquaient, signalant que quelqu’un approchait. “Vite, sinon il va te voir. Je ne veux pas qu’il te blesse.”
“Me blesser ?” Le monstre était confus mais se faufila tout de même sous le lit. Personne ne pouvait le blesser. Il décida de rester cacher pour observer ce qui faisait si peur à la petite fille.
“MARIE ! SORS DE LA !” Cria l’homme en entrant dans la chambre en démontant presque la porte. En l’observant avec plus de détail, le monstre se rendit compte qu’il peinait à tenir debout. Il avait sa ceinture dans la main. Au-dessus de lui, il pouvait entendre Marie pleurer doucement.
Et il comprit d’un coup. Et pris une décision qui allait changer sa vie et celle des autres monstres.
L’homme devant lui semblait désormais beaucoup moins impressionnant : le monstre le dominait de plusieurs dizaines de centimètres. L’atmosphère était glaciale.
Dans son lit, Marie le sentit et passa la tête hors de sa couverture. De là, elle pouvait à peine voir son père. Mais elle pouvait apercevoir son visage et elle n’avait jamais vu quelqu’un avoir aussi peur, même quand ses cousins lui avaient fait voir ce film d'horreur.
Le monstre semblait murmurer des sorts à monsieur Durant et d’un seul coup, ce dernier se retourna et sortit de la chambre en refermant la porte.
Le monstre se retourna vers elle et esquissa ce que Marie imaginait être un sourire. “Tu peux dormir maintenant. Je veille sur toi.”
“Les monstres ne sont pas censés faire peur aux enfants normalement ?”
“Si. Mais seulement quand c’est eux le monstre le plus effrayant de la maison.”
Sais-tu que je bouquine l’histoire De la guerre de 10 ans de Franche-Comté. Attaquée par les franco-suédois,( Louis XIII et le roi Gustave Adolphe ) les villages furent incendiés et pillés dès 1640.
Le Swched suédois devint alors un substitut du hongre ou ogre pour faire peur aux enfants .
Cela correspondait à ce qu’ils avaient vécu .